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(Article paru le 8 novembre 2005)
Par Arnold Carrier
BELLEDUNE – J'ai été carabinier avec les Royal Rifles of Canada pendant la Seconde Guerre mondiale. Je m'appelle Arnold Joseph Carrier et je suis né le 27 avril 1918 à Hodgin Settlement, au Nouveau-Brunswick, le fils de Leo Carrier et de Harriet Hickney. J'ai marié Norma Culligan et nous avons eu six enfants : Donna, Jeanie, Patricia, Brenda, Sandra et Molly.
Je me suis engagé le 17 septembre 1940 à Madapédia, au Québec, et on m'a reçu au sein des Royal Rifles of Canada. Les quelques premiers mois, je me suis déplacé à plusieurs endroits : Québec, Valcartier, Sussex, et enfin nous nous sommes retrouvés à Terre-Neuve. J'ai passé un an à Terre-Neuve à monter la garde dans des endroits tels que Botwood, Gander, St. John's et Port Aux Basques, d'octobre 1940 à août 1941.
On nous a renvoyés à Valcartier, Québec le 14 août 1941 mais n'avons même pas eu l'occasion de défaire nos bagages. On nous a immédiatement envoyés à Saint John, N.-B., pour monter la garde. Certains bateaux allemands de caoutchouc ou de plastique ont surgi sur la plage et on craignait la présence des Allemands dans les parages.
Nous avons quitté Saint John le 15 octobre 1941 pour retourner à Valcartier et, une semaine plus tard, nous avons pris le train jusqu'à Vancouver, en C.-B. Le 26 octobre 1941, on nous a placés sur un navire de transport militaire australien et immédiatement écartés du quai pour qu'on jette l'ancre dans la baie. Le matin suivant, le 27 octobre 1941, nous naviguions vers les îles Hawaï, puis jusqu'aux Philippines. Éventuellement nous avons atterri à Hong Kong le 16 décembre 1941.
On nous a placés dans une caserne à Hong Kong à côté de troupes britanniques et des Hong Kong Volunteers. Le 7 décembre 1941, la guerre fut déclarée contre le Japon et on m'a fait monter la garde autour d'une casemate sur l'île de Hong Kong.
Le jour de Noël, soit le 25 décembre 1941, l'armée japonaise nous a fait prisonniers, tout mon régiment et moi. Je suis resté prisonnier de guerre jusqu'à ma remise en liberté en août 1945.
J'ai été PG dans la ville de Hong Kong du 25 décembre 1941 jusqu'en février 1942, lorsqu'on m'a envoyé de Hong Kong à Nagasaki au Japon, puis transféré à un camp de PGs à Omine au Japon. On nous a gardés là comme PGs jusqu'à notre libération en août 1945. Notre camp de PGs a été le dernier à être découvert. Ce sont les forces navales des États-Unis qui nous ont libérés.
À Omine, il y avait environ 200 membres de la Royal Rifles of Canada en plus de 300 autres PGs d'Australie, d'Angleterre et des Hong Kong Volunteers.
On nous logeait dans un ancien hôtel qui avait à un moment donné servi de logi aux patrons d'une mine de charbon locale. Nous travaillions 10 jours de suite à extraire la houille de la mine, puis nous avions un jour de repos. Pendant notre jour de repos, nous faisions notre lessive le matin et l'après-midi, nous partions à la chasse aux serpents pour les manger. Ils goûtaient le cou de poulet. Certains PGs se nourrissaient de rats.
Lorsque j'étais PG, je ne me suis jamais fait battre ou punir par les Japonais. J'ai appris à suivre leurs règlements et j'ai éviter de m'attirer des ennuis avec eux. Bien d'autres ont beaucoup risqué et ont été punis.
Alors que j'étais PG, j'ai eu la diphtérie et on m'a mis en quarantaine pendant environ six mois. J'ai aussi été atteint de béribéri oedémateux, qui vous fait enfler les jambes et vous remplit d'eau. La peau nous craquait et saignait.
Losrque j'ai été libéré par les forces navales des États-Unis, vers le 6 septembre 1945, on m'a envoyé aux Philippines à bord d'un hôpital situé sur un navire de la marine américaine. Nous y sommes restés environ deux semaines.
En octobre 1945, on m'a placé sur un porte-avions britannique et nous sommes arrêtés aux îles Hawaï. À partir de là, nous avons navigué jusqu'à Victoria, en C.-B. Nous avons atterri au Canada le 27 octobre 1945, le même jour que nous sommes partis (le 27 octobre 1941). On m'a placé dans un hôpital militaire à Victoria jusqu'à la fin novembre 1945. Puis, on m'a placé sur un train hospitalier, envoyé à Québec et placé dans un hôpital militaire là-bas.
J'ai quitté l'hôpital à Québec le 30 mars 1946 et on m'a envoyé au Lancaster Hospital à Saint John, N.-B. Je suis resté à l'hôpital de Saint John pendant plus d'un an. En avril 1946, on m'a transféré au Sussex Hospital et je suis resté là pendant un an. En avril 1947, on m'a renvoyé au Lancaster Hospital. J'ai quitté cet hôpital en avril 1948, pour être admis à un centre de convalescence à London, Ontario, d'avril 1948 à novembre 1949.
Je suis revenu à la maison à Belledune River en novembre 1949 pendant plusieurs jours et je suis retourné au Lancaster Hospital à Saint John. Une semaine plus tard, en novembre 1949, on m'a laissé sortir pour de bon.
Mon premier emploi au civil était celui de garde de sécurité au Chaleur Inn à Dalhousie, de 1962 à 1968. J'ai aussi travaillé à titre de garde-chasse de 1954 à 1960. Lorsque j'ai pris ma retraite, j'étais chauffeur d'autobus scolaire.
(Arnold J. Carrier, âgé de 87 ans, est à la retraite et habite avec sa femme Norma)
Our thanks are extended to Dominique Millette who translated this story.