(français ci-dessous) ↧
Babin, like many other Hong Kong Vets, found it impossible to talk about his experiences with the folks back home. He quickly found that to try and share his experiences with others was an exercise in futility.
How could he explain the all-consuming feeling of hunger to someone who had only been hungry? How could people understand what it was like to wake up in the morning and have ¨breakfast¨ yet still need more food? Would they understand what it would be like to go through an entire day with food constantly on your mind? To go to bed at night with a belly craving for food was hunger ... not just hungry.
If people could not understand the difference between hunger and hungry how could they understand the difference between being tired and being exhausted? Could they understand sorrow, fear, despair, hopelessness? Could they understand the deep feeling of loss at the death of a friend was soon replaced with thoughts of food. The time of mourning was sometimes so short that it seemed like the friend had died a long, long time ago, not just that morning. How could he explain the loneliness?
How do you explain that you could go to bed at night afraid to wake up in the morning, yet so afraid that you would not wake up at all? Babin, like so many HK Vets simply did not talk about Hong Kong.
Is he bitter towards the Japanese?
None of the governments involved, the U.S., Britain or Canadian have put pressure on them to pay compensation. It would be "politically incorrect". I am not bitter towards the Japanese of today. They do not have the same mind-set as their predecessors, and I don’t think they know too much about what went on during the war."
Babin has returned to Japan twice, once on his way to the Korean War. He had the somewhat unnerving experience of spending the night in a Japanese Army Barrack while awaiting transport to Korea. The second return was a pilgrimage to pay homage to those who had not come home, but rest in graves in Hong Kong and Japan.
Babin remained in the Canadian Army for 31 years and served in Korea. He retired as a Warrant Officer. Today, in the year 2002, he lives in London, Ontario, with his wife Christina. They have raised two children and have five grandchildren. Alfred Babin is still every inch a soldier.
Babin, tout comme plusieurs des anciens combattants de la bataille de Hong Kong, se trouva dans l'impossibilité de parler de ses expériences avec ses proches. Il s'est vite rendu compte que de tenter de partager ses expériences avec autrui était inutile.
Comment expliquer le sentiment d'être réellement affamé à quelqu'un qui n'avait connu que la faim ? Comment les gens pourraient-ils comprendre ce que c'était de se réveiller le matin et prendre son « petit déjeuner », mais d'avoir encore besoin de nourriture ? Comprendraient-ils ce que ce serait de passer toute la journée à penser constamment à la nourriture ? De se coucher la nuit tenaillé par le besoin de manger : voilà ce que c'était d'avoir vraiment faim.
Si les gens ne pouvaient comprendre la différence entre être affamé et avoir faim, comment comprendraient-ils la différence entre la fatigue et le fait d'être exténué ? Comprendraient-ils la tristesse, la peur, le désespoir, la désespérance ? Comprendraient-ils que le sentiment profond de perte à la mort d'un ami pouvait être vite remplacé par des pensées de nourriture ? Parfois il y avait si peu de temps pour pleurer les gens qu'on aurait cru que l'ami était mort il y avait très, très longtemps, et non seulement le matin même. Comment expliquer la solitude ?
Comment expliquer qu'on pouvait se coucher la nuit en ayant peur de se réveiller le matin, et pourtant avoir si peur de ne pas se réveiller du tout ? Babin, tout comme tant d'anciens combattants de la bataille de Hong Kong, ne parlait tout simplement pas de Hong Kong.
Ressent-il de l'amertume envers les Japonais ?
Babin : « Je ressens de l'amertume envers ces Japonais qui nous ont si maltraités. Je ressens de l'amertume que le gouvernement japonais ne nous a jamais offert d'excuses, ou le moindre dédommagement. Les Allemands ont payé des milliards à ceux qu'ils ont fait souffrir, mais pas les Japonais. »
Aucun des gouvernements concernés, que ce soit les États-Unis, la Grande-Bretagne ou le Canada, n'a fait pression sur les Japonais pour qu'ils dédommagent les PGs. Ce serait « politiquement incorrect. » Je ne ressens aucune amertume envers les Japonais d'aujourd'hui. Ils n'ont pas la même mentalité que leurs prédécesseurs et je ne crois pas qu'ils en savent trop sur ce qui c'est passé pendant la guerre. »
Babin est retourné deux fois au Japon, dont une fois en route pour la guerre de Corée. Il a fait l'expérience un peu déconcertante de passer la nuit dans une caserne de l'armée japonaise alors qu'il attendait le transport vers la Corée. Le deuxième retour était un pèlerinage dont le but était d'honorer ceux qui n'étaient pas revenus au pays, mais reposent dans des cimetières à Hong Kong et au Japon.
Babin est resté soldat de l'armée canadienne pendant 31 ans et a servi en Corée. Il était adjutant à sa retraite. Aujourd'hui, en date de l'an 2002, il vit à London, Ontario avec son épouse Christina. Ils ont élevé deux enfants et ont cinq petits-enfants. Alfred Babin est toujours soldat jusqu'au bout des ongles.